Didier Louis
Revue de presse

Manager dans le monde du trot

Top TrotOriginaire de Caen, DIDIER LOUIS, sportif dans l’âme, s’adonne tout d’abord à sa passion du cyclisme, passion dont il fera vite une brillante carrière. Le goût de cette réussite l’amènera vite à tenter sa chance dans le milieu hippique, sa première passion. Aujourd’hui, à l’âge de 52 ans, l’étape est franchie, il est devenu un brillant manager établi depuis peu au coeur de la plaine du Forez. Tour d’horizon d’une fonction peu répandue…

SES PREMIERS PAS DANS LE MONDE DE LA COMPÉTITION

Tout commence en 1973 lorsqu’il entame sa carrière amateur dans le monde du cyclisme. La recherche de meilleures techniques et une volonté d’innover lui valent la gratifiante récompense du Lauréat du Mercure d’Or en 1980 pour un magasin de cycles qu’il fit construire. Tout s’enchaîne ensuite pour lui: il crée sa propre équipe avec les frères Madiot, Thierry Marie et le Russe Berzin et est sollicité pour diriger avec le même brio le CSK Moscou. Motlvé par une telle réussite il décide de faire partager son expérience dans la compétition de haut niveau et mettre son savoir au service des chevaux qui restent une passion d’enfance. L’idée des courses hippiques naît tout naturellement de sa passion pour la gent équine et du goût du peloton et de la course qu’il garde du cyclisme. Le hasard va contribuer à sceller sa réussite.

SES DÉBUT DANS LE MONDE DU TROT

Effectivement, il lit par hasard une annonce de Roger Vercruysse à laquelle il répond rapidement. Il ne sait pas encore réellement à qui il a à faire et a peu conscience de sa chance quand il devient l’élève et ami de cet illustre personnage. Ce dernier va lui conseiller un cheval et l’amener rapidement vers les courses: nous sommes alors en 1995. Didier Louis commence une carrière de driver amateur avec son cheval Deus.

Tout le destine à une carrière aussi brillante que dans le monde du cyclisme puisque sa deuxième course se solde par une victoire. De ce cheval à qui il fera engranger plus d’un million de francs de gain en quelques mois, il tire la satisfaction de la victoire. La machine est alors lancée : Didier Louis ne s’arrête pas en si bon chemin et entre en collaboration avec des entraîneurs de grands noms du monde du trot : Michel Charlot, Ulf Nordin ou encore Michel Lenoir. Fort de toutes ses expériences, il ne lui faut pas longtemps pour établir un parallèle encre les deux disciplines que sont la course cycliste et la course hippique : la victoire dépend autant des qualités physiques et mentales que des méthodes d’entraînement et des stratégies de course au sein du peloton. Il décide alors de mêler ses expériences des compétitions sportives de haut niveau à celles des courses de trot pour aider les propriétaires de chevaux à conduire leurs protégés dans le peloton de tête.

LA FONCTION PEU RÉPANDUE DE MANAGER

Plus qu’un courtier; les services qu’il propose sont ceux d’un véritable manager sportif dans le monde du trot. Un monde qui est venu naturellement à lui. “Pourquoi le trot ? Je dirais déjà parce que c’est ce qui ressemble le plus au cyclisme. Et puis c’est un milieu très populaire où tout le monde a sa chance. Un petit propriétaire pourra très bien prétendre au Prix d’Amérique tandis qu’il n’aura aucune chance de participer a une grande,course de galop où l’on voit toujours les mêmes grosses écuries. Sa fonction commence là où d’autres s’arrêtent : il gère non-seulement l’achat mais aussi ce qu’il qualifie de “services après-vente”, véritable suivi de la carrière du cheval. Pour cela il a su s’entourer judicieusement d’une équipe performante qui lui permet de couvrir tous les domaines, aussi nombreux soient-ils, dont un cheval a besoin pour atteindre le sommet de son potentiel et le livrer pleinement.
L’achat marque la première étape de son travail. Parole au maître : “un futur propriétaire se manifeste et fait appel à mes services dans le but de lui trouver un cheval. Après avoir discuté du budget, je me mets alors en quête d’un cheval qui lui corresponde. Pour cela, je contacte divers entraîneurs ou éleveurs. Je travaille beaucoup avec Dubois. Aujourd’hui, quand je recherche un cheval, je fais appel à mes propres connaissances. parfois même ce sont les vendeurs qui m’appellent pour que je leur trouve un acheteur. Mais au début de ma carrière, ça a été très dur : mon répertoire n’était pas celui d’aujourd’hui ! Je dirai que c’est mon expérience d’entraîneur-driver dans le monde du trot qui m’a aidé à démarrer”. Un avantage donc dès le départ par rapport aux autres courtiers : les chevaux, il les connait bien. et pour cause son expérience de trois ans dans le milieu et ses relations avec les meilleurs, de Vercruysse à Lenoir. De ses expériences, il tire un atout majeur pour remarquer un cheval. L’expérience ? Obligatoirement il lui en faut beaucoup car c’est par elle que passe ses méthodes et ses critères de jugement… Mais l’aide de cette si bénéfique expérience s’arrête quand d’autres facteurs plus aléatoires prennent la relève. ” Il faut un très bon feeling et beaucoup de chance! Je crois beaucoup en elle! Certains clients sont
vraiment chanceux tandis que d’autres non. Je gère actuellement quatre cents clients en France dont dix que je qualifie de poissards. Quel que soit le cheval acheté, si le nom de ces propriétaires lui est associé, il ne passera jamais la ligne d’arrivée en tête! »

Pour combattre cette Infortune. Didier Louis met toutes les chances du côté du propriétaire en lui proposant gratuitement une panoplie de services. On entre alors dans la deuxième étape de sa fonction, celle qui lui vaut véritablement le qualificatif de manager. “J’aime avoir un regard sur tout. C’est une des solutions pour améliorer les coureurs !” Il propose tout ce qui se fait de plus récent dans le domaine du cheval. Bien entendu la clé réside tout d’abord dans l’entraînement même, dans cadre exceptionnel, et l’hébergement du cheval, qui va de pair. Mais l’entrainement, aussi appliqué soit-il, ne saurait trouver l’apogée de ses résultats sans ces petits plus qui font toute la différence.

Didier Louis entend par là les soins vétérinaires et toute autre technique qui aide le cheval à atteindre son maximum de potentiel. C’est de cette façon par exemple qu’il a accepté une gestion commerciale sur un centre d’hydrothérapie unique en Europe, le centre Olen. «Je pense que l’hydrothérapie, qui connaît en ce moment un essor important est un plus pour les chevaux. C’est un véritable outil de travail qui fait ses preuves.

LE CADRE IDYLLIQUE DU HARAS SAINT LAURENT

Mais pour parfaire toutes ces fonctions, Didier Louis a eu encore de nouveaux projets en tête depuis qu’il est venu au monde du cheval : le désir de s’installer dans un véritable centre d’entraînement pour pouvoir vraiment porter un œil attentionné sur tout. “Ça faisait six ans que je cherchais quelque chose de vraiment exceptionnel quand j’ai enfin trouvé ce haras.” C’était il y a un an. Ce haras, c’est le Haras Saint-­Laurent, un centre qui allie l’agréable à l’utile. Un must dans le domaine de l’entraînement. Il ne peut alors laisser passer l’occasion et prend ce centre en location. Un gros investissement certes mais aucun regret: il vient de dénicher un petit joyau qui se trouve être un outil de travail remarquable. En plein cœur de la plaine du Forez, à six kilomètres de l’hippodrome de Feurs (mi-chemin entre Lyon et Vichy), Didier Louis installe alors son savoir sur une superficie totale de trente et un hectares. Tout est là pour l’aider deux grandes pistes d’entrainement avec arrosage automatique pour assurer la souplesse du terrain, une ovale et une ligne droite de 1200 mètres avec une partie en sable et une partie en herbe, une piste d’échauffement et de travail de 500 mètres au centre d’écuries formées de trois bâtiments disposés en arc de cercle et comprenant pas moins de clinquante box. A cela vient s’ajouter un manège couvert et de nombreux paddocks ainsi que des bâtiments d’habitation sur place. Aujourd’hui, sur les cinquante chevaux à l’entrainement dans le haras, quatre-vingt pour cent bénéficient du suivi du manager. Didier Louis s’est ainsi professionnellement installé au cœur de la Loire mais il garde un pied d’ancrage dans toute la France. A ce titre, il est en collaboration avec pas moins de vingt entraîneurs dont Lenoir et Vercruysse. Un éclectisme qui permet une complémentarité entre entraîneurs en fonction des besoins du cheval. « Si un très bon cheval est au meilleur de sa forme et qu’aucune course ne se présente dans la région, je l’envoie à Paris où il pourra courir.»

LES CHEVAUX PHARES

Y compris les cinquante pensionnaires du Haras Saint-­Laurent, Didier Louis s’occupe au total de cent-vingt chevaux. Parmi eux, trois ou quatre ont la prétention de disputer les plus prestigieuses courses de Paris. Les autres courent plus fréquemment sur des hippodromes régionaux comme Feurs ou Saint-Galmier. Environ quatre cents clients font appel à ses services. C’est dire combien de chevaux il a eu l’occasion de côtoyer. Pour autant, ils ne sont pas pour lui un simple outil de travail mais avant tout l’objet d’une passion et à ce titre il les respecte comme des personnes à part entière. Un respect qui se ressent dans les moyens d’entraînement qu’il propose à ses clients

Le premier cheval qu’il a acheté, c’est Deus, celui qui va l’initier aux courses et qui totalisera la coquette somme de 205 158 euros avec un chrono de 1’14”. C’est également lui qui va lui donner l’envie d’aider les propriétaires à mener leurs chevaux là où il a si bien réussi avec son propre cheval. Il conseille alors un premier cheval à la vente, Jackpot du Relais, étalon classique qui remportera à son tour 194 613 euros avec un chrono de 1’15”. Pourquoi s’arrêter là quand tout marche si bien? Dès fors, plus rien ne l’arrête. Parmi les autres grands chevaux qu’il conseillera à la vente, on pourrait citer Good Atout, Festina de Riez, Indium de Fellière, Java de l’Iton qui compte 229 743 euros de gains, Kelim San, Klarisse de Javie avec un chrono de 1’13” ou encore Miss Wood.

Au jour d’aujourd’hui, une attention particulière est portée à une nouvelle recrue de Didier Louis, depuis peu élève de Guy Presles au Haras Saint-Laurent : c’est le dernier cheval en date acheté sous les conseils avisés du manager. Il s’agit de No Pocket Blue, une jument semi-classique qui comptabilise déjà 11000 euros de gains. Il voit en elle une future crack et y place tous ses espoirs. Mais l’évolution d’un cheval est toujours imprévisible si bien qu’il convient de laisser le temps parler à sa place.

SES MÉTHODES ET CRITÈRES DE JUGEMENT POUR L’ACHAT D’UN CHEVAL

Fort de ses expériences dans le monde du trot. il a su judicieusement tirer bénéfice de ses observations. Aujourd’hui par exemple, il ne sait que trop bien à quel point il faut être prudent avec les jeunes chevaux: « On loupe énormément de chevaux et surtout de jeunes chevaux, notamment lors du débourrage parce qu’on ne prend pas le temps Et puis certains ne mûrissent pas vite. On arrête trop de jeunes chevaux faute de performance alors que je suis convaincu que si on prenait le temps de les laisser évoluer doucement, on aurait d’excellents résultats. C’est pour cela qu’il ne juge jamais un quelconque manque de performance d’un cheval en dessous de cinq ans. « Tant qu’il n’a pas passé cinq ans, on ne peut pas savoir si un cheval est bon. »

Il se méfie également de la façon dont les chevaux se sont qualifiés. « En général, les chevaux qualifiés vite ne font jamais de bons chevaux. » Explication faite!, la chose parait évidente: un jeune cheval de deux ou trois ans qui commence à gagner beaucoup passera trop vite dan les courses de niveau supérieur où il ne sera confronter qu’à de très bons chevaux. Le résultat en est tout aussi évident : “C’est comme ça qu’on casse des jeunes chevaux, et qu’on passe à côté de très bons chevaux car suivant ce principe, seuls les cracks parviennent à durer. Or il y a à peu près un crack par génération.”

Et le prix de vente, un critère de choix ? “Je me méfie du prix de vente. Un cheval vendu à un bon prix pourra très bien devenir un crack, et c’est justement ce qui fait les plus belles réussites de mon métier. Mais l’opposé est également vrai”.

C’est pourquoi le prix n’entre pas réellement dans ses critères de jugement car il est trop aléatoire. Il ne constitue qu’un simple palier dicté par ses clients.

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